PROTÉGER NOTRE SOL ET NOS FLEURS DE LA TEMPÊTE

PROTÉGER NOTRE SOL ET NOS FLEURS DE LA TEMPÊTE

Si vous lisez ces lignes aujourd’hui, probablement aviez-vous déjà lu précédemment l'article "Si le Yoga vous aide, aidez le Yoga" que j’avais publié il y a un peu plus de 15 jours, suite à l’annonce du gouvernement de la refermeture des salles de sport (et donc des studios de Yoga) et dans lequel je détaillais la réalité financière et structurelle d'un studio.

Voici donc la suite des aventures des coulisses du studio. Je me dis que dans des périodes aussi chahutées, incertaines et complexes comme celle que nous traversons actuellement, la transparence est un élément clé pour tenter de comprendre un peu mieux la réalité de chacun et trouver une forme de résilience quand les choses sont dures. Si vous avez envie de comprendre « administrativement » ce qu’il se passe, les paragraphes suivants sont pour vous. Si cela vous barbe, et je le comprends - cela me fait mal à la tête personnellement - je vous invite à sauter ces paragraphes pour qu’on se retrouve au comptoir philosophique un peu plus bas à « Protéger notre sol et nos fleurs de la tempête ». Mais quoi que, comprendre la réalité administrative et politique qui nous entoure dans ses détails, c’est sans doute nous rendre plus fort.e, équipé.e et conscient.e des enjeux actuels. Enfin bon, vous faites bien comme vous voulez hihi.

Les 2 référés liberté ( = l’action que l’on mène en justice quand on considère qu’il y a une atteinte aux libertés fondamentales) qui avaient été déposés par Elodie Garamond du Tigre et Véronique Maillet de Qee ont été balayés d’un revers de main aberrant. Il y a 10 jours, lors du 1er recours déposé par Elodie et Véronique, le Tribunal Administratif de Paris avait exigé du Préfet qu’il revoit sa copie quant au sort des salles de sport d’ici le lundi 28 septembre, faute de quoi les salles de sport dans Paris pourraient reprendre leur activité en respectant le protocole sanitaire. Le Tribunal avait exigé cela du Préfet car il jugeait que la décision de fermer toutes les salles était arbitraire, quand aucun cluster n’avait jamais été déclaré en salle, que les chiffes de contamination en salle étaient extrêmement bas (loiiiiiiin bien loin derrière les universités, les lieux de travail, la sphère privée, les restaurants, les transports) et que le protocole sanitaire était bien respecté, avec possibilité totale du traçage des clients. Entre temps, le lundi 28 septembre, le Préfet a annoncé que Paris passait en zone d’alerte maximale et il s’est tout simplement dispensé de répondre à la demande du tribunal quant aux salles de sport.

La semaine dernière, courageuses, Elodie et Véronique ont déposé un 2ème référé liberté auprès du Tribunal de Paris pour tenter de plaider leur cause après ce premier revers. Pour information, chaque fois que l’on dépose un référé au tribunal, c’est environ 3000€ de frais administratifs à débourser et chaque dossier doit être déposé individuellement. Pas moyen de « se cotiser » donc pour tenter un genre de class action, ce qui met déjà pas mal de barrières à l’entrée rien que pour essayer de se défendre. Le matin de l’audience prévue au Tribunal, on leur a expliqué que l’audience était en fait annulée et serait reportée. Quelques heures après, on leur a finalement annoncé qu’elles avaient perdu leur recours, sans pouvoir être reçues en audience donc. Est-ce légal ? Est-ce démocratique ? L’argument Covid sonne ici comme le levier politique et administratif ultime pour piétiner et outrepasser nos libertés fondamentales et individuelles.

De mon côté, j’ai appelé et écrit plusieurs fois à la Préfecture de Paris pour avoir des renseignements précis quant au fait que les salles de Yoga ne sont pas des salles de sport et pas réellement considérées comme telles d’un point de vue administratif, mais que dans le doute, on nous fourre actuellement dans cette catégorie. D’autres studios ont également contacté la Préfecture de Paris pour tenter d’y voir plus clair. En fonction de qui nous avons eu au téléphone et à quelle heure de la journée, personne n’a pu obtenir une seule et même réponse claire. Pourquoi ? Parce que même l’administration ne sait pas exactement ce qu’elle exige de nous. Résultat : ouvrir aujourd’hui c’est prendre le risque d’être sanctionné - ou non - à la tête du client. Soit on peut nous dire : « oui pas de souci vous pouvez être ouverts, le yoga n’est pas une salle de sport et vous respectez bien le protocole sanitaire ». Soit on peut nous dire « Vous êtes ouverts alors qu’on vous a dit que le sport était interdit, voici donc une amende, une fermeture administrative et la suspension de toutes vos aides ».

Les bruits de couloir qui circulent quant à notre sort, seraient que si nous pouvions reprendre, cela serait avec méga distanciation (spoiler : à 10 ou moins dans une salle comme Mirz on perd beaucoup de sous et c’est la garantie de devoir mettre la clé sous la porte peu de temps après) et de devoir pratiquer avec le masque (OK pour quelques cours mais à long terme ?). Pas franchement de marge de manœuvre à ce stade donc.

 

PROTÉGER NOTRE SOL ET NOS FLEURS DE LA TEMPÊTE

On discutait hier avec une amie de comment on se connecte à sa source pour y puiser de l’énergie et trouver des réponses quand tout est chaotique autour de nous. On s’est tirée les cartes mutuellement pour essayer de s’apporter un peu de clarté à chacune dans nos questionnements respectifs du moment. Dans la conversation, je lui demande sa « technique » pref pour se recentrer dans ces moments là. Elle me dit qu’elle n’a pas de technique à proprement parler mais qu’elle s’efforce de croire en elle, en ce qu’elle trouve juste et aussi elle me raconte qu’elle observe comment se comporte la nature et ses cycles pour trouver des réponses.

Ce matin en me réveillant, j’ai tapé dans Google « plante qui se protège toute seule quand tempête » et je suis tombée sur cet article « Comment faire pour bien protéger son jardin des orages » . Pour le studio, il me semble aujourd’hui juste de m’appliquer à imiter ce qu’il est conseillé de faire pour protéger son jardin. Il s’agit de trouver de la résilience avant tout et de se protéger pour y puiser de la solidité, de la stabilité et de l’endurance dans cette course de fond que nous avons entamée au mois de mars. Des enseignements que l’on retrouve également dans la philosophie yogique.

 

« Les orages sont souvent accompagnés de coups de vent violents, de pluies drues et de coups de tonnerres qui peuvent parfois être dévastateurs surtout au jardin. S’il n’est pas possible de se protéger de tous ces désagréments, il est cependant possible de se préserver de certains. » nous conseille l'article.

J’ai la sensation d’être au milieu de l’œil du cyclone avec le studio depuis mars quand la pandémie a commencé. C’est chaotique, imprévisible, rude et c’est une vigilance de tous les instants pour essayer de garder le cap pour le studio et pour moi personnellement en s’exposant frontalement à ces vents violents et à ces coups de tonnerre. Depuis le mois de mars, chaque semaine il a fallu se réinventer, s’adapter, dans un timing ultra serré. Cela a porté ses fruits puisque nous avons continué à pratiquer en ligne quand il le fallait, et à nous retrouver par la suite au studio ensemble en respectant la sécurité de chacun.e en pratiquant. Au cœur de cette 2ème vague, j’ai pourtant l’intuition qu’il faut encore s’adapter, différemment, et changer temporairement de tactique. Je sens que le temps n’est pas à faire face frontalement - l’orage et la pluie en pleine poire - mais plutôt de protéger notre terreau et nos petites plantes qui ont poussé dessus en se mettant à l’abri, sans trop de mouvement, le temps que l’orage passe.

 

« Protéger son jardin des orages – Limitez l’érosion.

Si vous voyez l’orage arriver mais que vous n’êtes pas, en règle générale, un adepte du paillage, vous auriez tout intérêt à mettre vos convictions de côté au moins le temps que la tempête passe. » poursuit l'article du jardin.

Moi qui suis plutôt du genre entière quand il s’agit de mes convictions, je dois bien avouer que je prends ces derniers mois une sacrée leçon de modération. OK je suis convaincue que nous sommes dans notre bon droit de pratiquer, que cela fait partie de la solution et non du problème comme on essaye de nous le faire croire actuellement, que le yoga est bon pour la tête, le corps, le système immunitaire, que le lien social est primordial dans un contexte comme celui-ci. Mais la réalité, c’est qu’actuellement, ce qu’il se passe me dépasse (big up à celles et ceux qui ont eu le courage de se farcir les paragraphes administratifs plus haut) ; c’est bien plus grand que moi et que je m’use à lutter avec mes bras certes courageux, mais qui ont aussi leurs limites. Tout comme les professeur.e.s qui m’entourent actuellement, tout comme les autres gérant.e.s de studio que j’ai régulièrement au téléphone ces dernières semaines. Nous sommes usé.e.s et la situation ne s’arrange pas ; nous avons pourtant envie de bien faire les choses, mais nous sommes face à un mur et au milieu d’une tempête. Depuis presque 3 semaines, les profs du studio qui donnent les cours en ligne ne sont pas rémunéré.e.s. Avec générosité, elles / ils ont accepté de continuer à donner cours gracieusement malgré leur situation personnelle pour maintenir le lien avec les élèves et préserver la trésorerie du studio. Cette organisation collective est très belle.

À présent, je crois qu’il est temps de limiter l’érosion, le temps de laisser passer le gros de la tempête. Il est temps pour nous de faire un break de quelques semaines, pour pouvoir reprendre dans de bonnes conditions d’énergie pour les profs et financières pour le studio une fois que l’orage sera un peu passé. J’imagine qu’il y aura évidemment des adaptations à trouver dans les prochaines semaines, mois, voire année à venir pour continuer notre activité mais avant cela, attendons un peu.

 

« Un sol met un temps fou à se constituer mais peut être détruit en quelques minutes à peine, alors n’hésitez pas à le protéger. »

J’ai commencé le projet Mirz en 2015, d’abord en solo pendant un an et demi en donnant des cours et des ateliers dans différents endroits : dans mon salon, dans une salle que je louais, dans un club de boxe. Puis je me disais qu’il serait chouette de proposer une large palette de portes d’entrée à la pratique et la philosophie du Yoga, et que pour cela, travailler avec d’autres personnes dans ce sens serait intéressant. C’est comme cela que le 1er petit studio Mirz est né, au fond d’une cours, dans l’enceinte d’une ancienne imprimerie. Une communauté sympa et soudée de yogis s’est développée progressivement, à tel point qu’en 2018, on a du déménager dans le studio actuel – plus grand – pour pouvoir tous.tes vous y accueillir chaque jour. Depuis 5 ans, vous êtes plus de 3 500 yogis à venir pratiquer avec nous, plus ou moins régulièrement. Avec la dizaine de super profs qui constituent l’équipe que vous connaissez bien, nous avons appris à nous connaître, à nous écouter, à nous respecter, à nous soutenir. Depuis 2015, nous avons nourri un terreau riche, sur lequel nos petites pousses ont germées, pour en faire de jolies fleurs, années après années. Aujourd’hui, je mesure comme en quelques mois de tempête, tout peut être rapidement anéanti si nous manquons de vigilance, si nous voulons en faire trop. Aussi, le studio va prendre quelques semaines pour protéger son terreau et ses jolies plantes. Quelques semaines pour souffler, pour préserver notre énergie déjà fragilisée par ces derniers mois, pour réfléchir à la façon la plus intelligente de continuer la pratique à la réouverture. La meilleure façon dont nous puissions prendre soin de vous, c’est de commencer par prendre soin de nous. Que peut réellement transmettre et partager un.e prof de yoga quand elle / il est complètement rincé.e ? Aussi, faire un petit break maintenant, c’est mieux vous revenir ensuite. Comme nous le raconte l'article du jardin, quelques temps pour « Renforcer les plantes fragiles », réfléchir à comment il est «  possible d’éviter ce genre d’incidents en se mettant à la place du vent », ou encore « planter des haies » pour « laisser passer juste ce qu’il faut de vent pour éviter que ne se forment des courants d’air violents ». Bref, pour prendre le temps de dessiner des solutions pérennes inédites en réponse à cette situation totalement inédite. De se mettre en pause un instant pour observer les enseignements intelligents de la nature.

Nous donnerons donc cours en ligne en live streaming jusqu’à dimanche soir, puis nous nous mettrons en pause quelques temps pour laisser passer l’orage et protéger ce joli jardin que nous avons planté et cultivé au fil des années tous.tes ensemble. Vous pourrez suivre les actualités ensuite du planning ici.

Pour les personnes qui le souhaitent, vos cartes et abonnements seront prolongés de la durée de ce break. Sachez toutefois que lorsque vous ne nous demandez pas de report de crédit, cela contribue réellement à maintenir le studio en bonne santé à long terme. Il n’y à mon sens que le soutien du collectif qui permettra aux petites structures de tenir bon. Nous tenons à vous remercier encore une fois chaleureusement pour les dons que vous avez faits depuis la refermeture du studio, cela contribue également de manière significative à la préservation du studio au milieu de la tempête. Si vous souhaitez faire un don, cela est possible via Paypal à l'adresse suivante : mirz.yoga@gmail.com

En attendant, la pratique en ligne reste disponible en vidéos à la demande via Mirz TV. De nouveaux cours seront postés prochainement.

Merci pour votre confiance, votre fidélité et votre soutien.

Continuons à prendre soin de nous et des personnes autour de nous et à très bientôt !

Chaleureusement,

Marine

 

PS : Sur la photo plus haut, c’est mon copain Fix un matin de Bivouac cet été. On s’émerveillait de la texture des feuilles de cette plante et de comment elle pousse. Il la prenait en photo pour son herbier digital. J’aime bien cette photo et je trouve qu’elle illustre bien ce que j'ai dans le cœur en écrivant cet article.

 

 

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